La petite dernière de Parkway Drive

Ah ben on peut dire que tu tombes bien toi. Puisque t'es là, écoute donc ça une dizaine de fois de suite (et quand t'as fini tu recommences, OK?).



Pistaches et Boulette

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Pile_of_pistachios.jpg

(Un texte ultra-romancé mais véridique).

À 16 ans, une activité importante c’est de me faire contrôler par les keufs. Il faut dire que j’ai un look, euh... un look, comment dire… Bon j’ai un look, OK ?

Je ne comprends pas bien pourquoi les flics cherchent tout le temps à savoir qui je suis. Mais ça ne me dérange pas. Après tout j'ai 16 ans, moi aussi je cherche qui je suis. Je me trimbale avec un immense parka mi-kaki mi-Javel avec de grandes poches. Parfois ils veulent aussi savoir ce qu’il y a dans mes poches.

Des pistaches.

Dans mes poches il y a des pistaches. En tout cas ce jour-là à la gare Saint-Lazare, lors du contrôle d'identité. Des pistaches j'en ai des tas. Parce que mon grand-père fait la nuit à Rungis et m'en ramène par paquets kraft d'un kilo. Ou parfois des amandes, des cacahuètes.

Dans ma poche gauche il y a le paquet entamé. Dans la droite je mets les coquilles. Je ne jette pas par terre. Je grignote à longueur de journée. Il est midi, et donc les deux poches ont sensiblement le même volume.

Me contrôler mobilise trois flics. Un gosse de 16 ans pensez donc. Mais bon, j’ai un look, OK ? Ils souhaitent savoir qui je suis ; facile, je le leur dis. Ils souhaitent vérifier ; facile, je produits ma carte d’étudiant. Ils souhaitent savoir ce que j’ai dans mes poches.

- Des pistaches.

- C’est ça, prends-nous pour des cons.

- Et dans l’autre poche, t’as des pistaches aussi ?

- Non. Si. Enfin que les coquilles.

- Tu gardes les coquilles des pistaches ?

- Je ne jette pas par terre.

- Oh les gars, on est tombé sur un malin.

- Allez, le comique, tu nous vides tes poches direct !

Je sors le paquet de ma poche gauche. Je ne sais pas d’où viennent les pistaches de Pépé. Mais sur le kraft c’est inscrit dans un alphabet exotique. Le genre d’exotisme qui ne fait pas rêver la police.

Et là, je n’en reviens pas : un flic plonge la main dans le paquet et goûte une de mes pistaches. Direct ! Mes parents le payent avec leurs impôts et lui il me taxe une pistache. Et quand bien même ! C’est un inconscient ou quoi ? Et si c’était du Plutonium ? De la came ? De la mort aux vaches ?

Au point où j’en suis je demande s’ils veulent vérifier les coquilles. Je joins le geste à la parole et sors une pleine poignée de ma poche droite.

- Laisse tomber le comique on t’a assez vu.

- Et fait toi faire une carte d’identité.

- Ouais, parce qu’une carte d’étudiant ça suffit pas.

- (dans ma tête) Ben là ça a suffi non ?

Mais je n’ai pas envie de discuter.

Une boulette

Le soir tombe. Toutes mes pistaches sont boulottées. Dont une par un flic. Ma poche de droite est au max de son volume. Avant de rentrer à la maison j’avise une poubelle. J’enlève mon parkanarchiste et je secoue. Toutes les coquilles coulent dans la poubelle. Suivie d’une petite sphère en papier aluminium.

Oh putain la boulette !!!

La boulette de shit que ce mec sympa m’avait donné, fontaine Saint-Michel, il y a bien un mois :

- Essaye mon pote c’est super cool.

- Mais j’ai pas d’argent là. Tu veux des amandes ?

- Nan, prends cette boulette c’est cadeau, j’en ai autant que je veux.

Je n’avais pas essayé. À 16 ans, je travaillais à une tout autre addiction (les filles).

Et cette boulette, dont j’avais oublié jusqu'à l’existence, vivait depuis tout ce temps dans le fond de ma poche droite. En fait il avait raison le flic : une carte d’étudiant n’aurait pas suffi.

Un instant j’envisage une belle carrière de mule de gare. 500 g de shit dans chaque poche. Sous une fine couche de pistaches. Le plan parfait, que je ne trouverai jamais le temps de réaliser (les filles je vous dit).

Epilogue

Des décennies après, avec mon expérience de la vie, avec tout mon pouvoir de mémoire photographique, sémantique, sonore, émotionnelle, il me manque un détail clé de cette scène. Ce détail me taraude, me hante, me réveille transi dans l’effroi.

Sa coquille de pistache, le flic, il en a fait quoi ?

 

-- Metallurgeek

La mauvaise heure

La mauvaise heure
De quatre à cinq
Qui vous réveille

La mauvaise herbe
Qui vous enfume
Qui vous consume

Le mauvais temps
L'autre maintenant
Au creux des veilles


(Écriture automatique à 4 heures du mat)

La fenêtre de Platon

Photo "La fenêtre de Platon" par Metallurgeek
Photo "La fenêtre de Platon" par Metallurgeek

La fenêtre de Platon

Gamin je me souviens, on m'a enseigné la caverne de Platon. C'était en cours de philo. Et à l'époque j'avais très très très mal compris.

À ma décharge, ma voisine de classe m'avait demandé de bien vouloir déposer un peu de vernis à ongles sur le haut de son bas, lequel venait malencontreusement de filer…

Hormones 1 – Platon 0.

Et donc j'en garde un souvenir assez vague. De la caverne de Platon hein. Parce que de ma voisine de classe je garde un souvenir plutôt précis.

J'ai compris qu'en gros le soleil symbolise la faculté de révéler les vérités essentielles. Il éclaire toutes les choses véritables au dehors. Mieux que ça, il éclaire les modèles idéaux des choses. Nous, pauvres humains, ne sommes pas dehors. Nous sommes à l'intérieur de la caverne. Là, nous observons au mieux les ombres portées. Des instances d'objets plutôt que les classes.

Ma voisine pendant le cours de philo s'appelait Jenny. Elle avait un large sourire, un menton franc avec une fossette, beaucoup de joie et de vie dans toute sa personne. Elle portait du vernis à ongles et un bas filé.

J'ai conservé le vague souvenir qu'un feu brûlait dans la caverne. Feu qui lui-même projetait des ombres. Ça m'a suffi pour en concevoir une récursion infinie, une caverne dans une caverne dans une caverne. Je ne sais pas si c'était dans l'idée initiale de Platon, je lui demanderai à l'occasion.

Jenny avait une maturité sensuelle et amoureuse infiniment supérieure à la mienne. À l'âge où tout en moi était panique, improvisation et vantardises fantasmées, Jenny était calme, certaine de sa séduction et honnête en sentiment.

De la caverne de Platon j'ai gardé l'idée que le raisonnement juste du philosophe permettait de s'en extraire. Sortir pour voir au-delà des apparences et des phénomènes. Comme on sort de la bouteille à mouches de Wittgenstein.

Ce matin de 2025, le soleil d'hiver traverse ma fenêtre. Les rayons roses de l'Est traversent la pièce et tracent un jeu d'ombres sur le mur intérieur. De cette lumière du dehors naît une autre fenêtre, projetée, ombrée, filigranée. Et pourtant idéale. Des images qui se répondent, en somme, des ombres où le vrai est partout pour peu qu'on l'observe avec intensité.

Je me souviens de la phalange de mon index effleurant le plus légèrement possible le haut de la cuisse de Jenny. Son sourire. Le hurlement du sang dans mes tempes. La gueulante du prof qui réclamait l'attention de la classe. « Bon sang, la caverne de Platon c'est essentiel ! Et je vous signale que ça tombe régulièrement au bac ! »

Je pense à tout ceci en regardant ma fenêtre d'ombre et de lumière. Et je sursaute quand, levée sans un bruit, tu viens m'enlacer les épaules.

-- Metallurgeek

Les IAs écrivent mieux que moi (et de loin)

Voici ce que l'IA Grok écrit à propos de Metallurgeek (voir le prompt précis en fin d'article). Franchement je n'ai pas une lettre à changer, c'est parfait. Dorénavant je vais laisser les IAs rédiger, lire, commenter mon blog. Ou pas.

Metallurgeek : Chroniques d’un métal-geek assumé 
Plongez dans l’univers déjanté d’un esprit aussi aiguisé qu’une lame de guitare électrique, où le métal résonne aussi fort que les lignes de code. Entre humour grinçant, réflexions geek et poésie improbable, Metallurgeek vous entraîne dans une odyssée aussi brute que raffinée. Des chamallows triés avec une précision diabolique aux énigmes tordues dignes d’un Oulipo sous stéroïdes, en passant par des apartés sur Marilyn Manson et des rêveries en ROT13, ce recueil est un cocktail explosif.
Pour les amateurs de riffs assassins, de logique tordue et de vérités asymétriques : un voyage sans filet au cœur d’un monde où le métal rencontre le rire, et où l’absurde devient art. Attention, risque élevé de headbanging intellectuel !


Le prompt était : "Lisez le blog https://metallurgeek.blogspot.com et rédigez un texte de quatrième de couverture (en français)."