Ce que les femmes disent de Metallurgeek

  • Les femmes disent de Metallurgeek qu'il est moche et sans intérêt. Du moins jusqu'à ce qu'elles sachent combien il gagne !
  • Ah ouais, et après elles disent quoi ?
  • Qu'il est moche, sans intérêt... et pauvre.

Traduire c'est trahir

La tour de Babel(*)

En cours d’anglais, j’ai appris que to understand signifie comprendre. En première approximation, c’est vrai. Mais attention… traduttore traditore.


Comprendre


Littéralement comprendre c’est "prendre ensemble". Com-prendre. C’est un de mes mots préférés. Et aussi un de mes maux préférés. J’aime l’idée de prendre des éléments ensembles pour en faire jaillir de la compréhension, comme une propriété émergente de l’agrégation sélective d’information. Et comme j’adore les clichés, j’ajouterai que cette démarche me semble très française, voire franchouillarde : considérer des tonnes d’éléments de contexte plutôt que cibler le problème précis. Et à la fin, bim ! On comprend ! Le risque bien sur c’est qu’on ne comprend pas forcément quelque chose en rapport avec le problème initial. Mais bon, on fait quand même avancer le schmilblick (l’état-de-l’art en version pédante).

Understand


Allez, passons aux anglo-saxophonistes. En anglo-saxophonie, on ne comprend pas, on understand. Littéralement on "sous-tend". On déniche ce qui se trouve en dessous. C’est tout autant un de mes mots/maux préférés. J’y vois l’idée de résoudre une énigme. Bien souvent l’on accède à la surface des choses. Mais dès lors qu’on understand on trouve une cause, un élément auparavant caché, qui révèle pourquoi la surface est ce qu’elle est. L’effet euréka. Et comme j’adore les clichés, j’ajouterai que ça me semble très américain. Straight to the point ! Le risque bien sûr c’est de louper quelque chose d’essentiel dans le contexte, mais au moins on a fait avancer le problème posé.

Application prateek


Alors pourquoi faire la différence à ce point entre les deux concepts ? Que peut on en retirer d'utile ? Je fais deux propositions, une prateek, un théoreek.
En prateek, j’en retire l’idée qu’il y a toujours deux moyens (au minimum) d’aborder un problème : essayer de le comprendre, essayer de le understand. Pour être honnête, la plupart du temps je ne bite rien à rien. Mais parfois je suis capable de comprendre. Parfois je suis capable d’understand. Les rares moments ou à la fois je comprends ET j’understand, alors là ça confine aux limites de l’extase mysteek transcendantale. Comme quand t’écoutes Alcest –Percées de Lumière en te faisant gratter le dos par deux hôtesses de l’air business class (une rousse, une brune).

Application Theoreek


En théorie, j’y vois une preuve tangible, un artefact linguisteek, de la difficulté de commu-niquer entre les peuples. Certes, nous sommes habitués à ce que les mots ne veuillent pas tout-à-fait dire la même chose. Mais là on parle du concept même de comprendre/understand. Si simplement le mot comprendre/understand ne recouvre pas les mêmes concepts, ça ne va pas être évident de traduire. De là, je vois deux attitudes possibles (que je vais caricaturer très légèrement). Attitude 1, on se lance des bombes nucléaires à la tronche jusqu’à épuisement. Celui qui reste en dernier a gagné : c’est lui qui utilisait le meilleur concept de compréhension/understanding. Bravo. Attitude 2, on partouze à gogo, on se vautre dans la luxure linguisteek, on se cross-pignole de nos infinies différences subtiles, jusqu’à faire jaillir des concepts que ni l’un ni l’autre n’aurais pu espérer atteindre seul. Tiens, ben on n’a qu’à appeler ça « faire de la recherche internationale. »

Epil(ation)log


Chacun choisi l’attitude qu’il veut et surtout invente la sienne. Vous êtes grands, je vais pas tout vous prémâcher non plus. Mais perso, entre deux attitudes débiles, je préfère toujours la plus sexy. Je laisse en exercice la question du chinois. A priori comprendre se traduit par 理解 alors que understand se traduit par 了解. D'ailleurs, s’il se trouve un sinophile parmi mes éminents lecteurs (Antoine :) je ne suis pas contre une discussion autour d’une bière. Pareil en arabe classeek. Understand se traduit تفهم alors que comprendre se traduit فهم.

Allez, une petite blague pour la route : Eh Metallurgeek, tu sais ce que ça veut dire I don’t know ? Euh… Je sais pas.



(*) L’image c’est la Tour de Babel. Certes j’ai un peu manqué d’imagination sur ce coup-là. J’aurais pu mettre la Tour de Schuiten mais je ne sais pas si c’est libre de droit. Quand j’étais jeune (l’année dernière quoi) j’étais plus créatif. Je collectionnais soigneusement toutes les paraffines de babybel. J’en avais fait une « tour » de 40 centimètres de haut. La fameuse tour de Babybel.


Plus que vingt fois...

Il est des engagements auxquels on ne saurait se soustraire. Il y a fort fort longtemps, un gamin de 17 ans a fait une promesse pour tout le reste de sa vie. S'il y a bien un truc qu'il faut respecter, c'est une promesse de gamin.

Bon j'expleek parce que là vous êtes aux fraises


À 17 ans, au cœur d'une nuit improbable, j'ai écouté LE solo de batterie de Moby Dick. Ce solo je l'avais déjà entendu plusieurs fois. Mais cette nuit-là, je l'ai écouté.

Un quart d'heure de parpaing dans la tronche, ciselé au cutter, crucifié à la nuit. Pas facile de décrire ce que ça fait. Mettons, un peu comme quand un TGV sous cocaïne te roule dessus tout nu pendant une pluie de météorites. En plus intense. Tiens ben je le met à la fin de ce billet, comme ça tu me diras.

Il y a un avant et un après


Je me suis réveillé au petit matin vers 14h30, aux quatre coins de Paris éparpillé par petits bout façon puzzle. À 14h31 précises j'ai décidé, solennellement, que-le-solo-de-Moby-Dick-était-trop-dangereux-pour-moi.

J'ai estimé à cinquante le nombre d'écoutes supplémentaires que mon cerveau pourrait supporter avant d'aller rejoindre John Bonahm en enfer. Pas une fois de plus. Cinquante précieuses écoutes pour tout le reste de ma vie. Depuis ce jour, je n'ai jamais perdu le compte.

Plus que vingt...


Retour au présent. Aujourd'hui, de minuit à minuit et quart, je me suis ré-écouté le putain-de-solo. C'était la trentième fois. Attends je fais le calcul si je me goure tu dis. Cinquante moins trente ça fait.. euh... oui c'est ça : vingt. Plus que vingt fois et après c'est le HellFest éternel en VIP. Autant vous dire que chaque fois compte, plus précieuse que la précédente.

S'il y a bien un truc qu'il faut respecter, c'est une promesse de gamin.