Et hop, encore des mots masqués comme dans mon article précédent "Réenchanter la recherche d’image". Cette fois il s'agit du mot Ondes et du mot Rases.
À votre avis, ça donne quoi quand on les cherche ensemble sur Google image ? Ou sur Bing images d'ailleurs. Avant de cliquer sur la solution, essayez d'imaginer le genre d'images qu'on pourrait / devrait obtenir. J'avoue que le résultat m'a surpris : Ondes Rases.
Dis Metallurgeek, tu nous ré-expleek ?
J'ai donc utilisé la même méthode que dans l'article précédent : chercher deux mots communs mais rarement associés, sauf dans un contexte particulier. En l’occurrence pour Ondes et Rases, le contexte c'est la pâtisserie. Ben oui : ondes comme four micro-ondes et rases comme cuillère rases (de sucre, de farine, de semoule, de cocaïne, etc.) Et donc tout naturellement, Google indexe les images des pages contenant les deux mots, majoritairement des images de pâtisserie.
Dans l'article initial j'utilisais plutôt des poèmes comme contexte. Par exemple "Le zèbre" pour résonner vertèbres et "Les roses de Saadi" pour respires enflammée, Avec Ondes Rases l'équivalent des poèmes c'est les recettes de pâtisserie, ça change un peu. Ou pas.
Épilogue : ça sert à quoi ?
Ben là, j'ai beau chercher, ça sert à rien. À rien du tout. Attends, j'ai un doute... je vérifie,.. Ah ben non, je confirme, ça sert vraiment à rien. Tant mieux parce que les trucs utiles c'est chiant.
Ah ben ayé, j'ai trouvé un Googlewhack ! Allez, je vous le donne tout de suite, avec sa preuve en image, avant de commenter un peu.
Googlewhack : Transfinitude Factorielle
Explication
Allez, explication pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un Googlewhack. Notez que si mon style inimitable vous insupporte, Wikipedia expleek ça très bien également. Il existe également un site officiel des Googlewhack.
Un Googlewhack donc, c'est une recherche Google constituée de deux mots seulement. Par exemple les mots que j'ai trouvés sont "Transfinitude" et "Factorielle" (deux mots que vous et moi utilisons quotidiennement bien entendu).
Pour avoir un Googlewhack il faut que la recherche constituée des deux mots (sans guillemets) ramène une et une seule page web. Pas deux pages, pas zéro page, pas 1337 pages. Nan. Une seule, pile poil.
Essayez donc avec deux trois paires de mots comme ça. Vous verrez que ce n'est pas évident. C'est même très difficile. Très très difficile. Et c'est encore plus difficile si les deux mots sont populaires indépendamment l'un de l'autre. C'est le cas pour le mot "factorielle". Un peu mois pour le mot "transfinitude" mais bon, on fait ce qu'on peut.
Toujours bien accrochés ?
Bien entendu, quand on trouve un Googlewhack on est très content. Encore plus content que quand on trouve un Pokémon rare. Et donc on en parle sur Internet. Par exemple là, j'en parle dans ce billet, en citant bien les deux mots "Transfinitude" et "Factorielle".
Et donc, le prochain qui cherchera ces deux mots tombera non pas sur une page web, mais sur deux pages web ! Eh oui, la page uneek que j'avais trouvé initialement *plus* la page Metallurgeek que vous avez sous les yeux.
Eh oui, quand on décrit un Googlewhack on le détruit. Ça me fait penser à cette énigme : "Je disparais quand on me nomme, que suis-je ?" (*) réponse à la fin. Un Googlewhack existe tant qu'il n'est pas référencé. Une fois référencé, il a existé, mais il n'existe plus. D'où l’intérêt de la capture d'écran en début d'article.
À quoi ça sert ?
Vous qui me connaissez bien savez que c'est la question qui m'angoisse le plus. En général je réponds "ça sert à rien". En fait la page Wikipedia mentionne des applications en recherche mais franchement c'est pas très clair pour moi. Je "sens" aussi des applications possibles pour dissimuler des données, pour chercher des documents intéressants (une sorte de fonction de scoring qui changerait de l'universel Page Rank).
Dernier point, encore plus nébuleux que tout le reste, je vois le Googlewhack comme une sorte de "produit" généralisé, de la même manière que le minimum de deux nombres peut-être vu comme un produit aussi. Bon, là on es clairement sur des élucubrations... mais après tout on parle d'un objet qui cesse d'exister quand on le décrit, alors...
Hardwired est un mot anglais que j'adore. Comme serendipity et sweatshirt. J'adore hardwired pour sa sonorité, pour son modernisme et ce je-ne-sais-quoi de barré. HArdwired en français c'est "Cablé". "Cablé en dur". Comme gravé dans du marbre version électroneek(*). Dans du silicium quoi.
Hardwired c'est aussi le titre d'un de mes bouquins préféré, du genre que je relis tous les trois-quatre ans. Un cyberpunk efficace bien baseek, un brin rebelle, autodestructeur et désespéré (ou pas).Bien plus abordable à mon sens que la divine trilogie "Neuromancien - Compte Zéro - Mona Lisa Overdrive". Tiens, je te mets les couvertures de quelques éditions.
Bon, mais en fait c'était pas de ça du tout que je voulais te parler lecteur adoré. C'était de quoi déjà ? Ah oui, le prochain album de Metallica. T'ain j'en entend déjà qui disent que ça va être nul. Que tout ce que Metallica fait est nul depuis le black album. Voire même depuis le début. Perso je les adore. J'ai toujours adoré en fait : fan de la première heure dans les années 1750 à l'époque de Toutankhamon. Inconditionnel. Pour vous dire j'aime même l'album S&M qui est nul à chier! Surtout l'album S&M en fait.
Bon. Et leur prochain album à Metallica, il s'appelle comment ? Hmmmm... comment ?
Allez, ils y sont presque...
Au moment où je poste, l'enfant sauvage de Gojira en est à 3 973 896 vues.
Alors quoi, à peine 26 104 clics de plus et ils tapent les 4 millions.
(*) Nan, les 4 millions de vues c'est pas Metallurgeek. Metallurgeek c'est seulement 37 310. Et encore, la moitié c'est moi qui cleek. Alors pour l'autre moitié, merci lecteurs adorés :)
Allez, un truc bien geek. Si ça n'est pas clair, n'hésitez pas à cliquer sur les liens pour voir les définitions.
J'ai enfin trouvé un Googlewhackblatt ! Il s'agit du mot "gargraaon" qui n'est autre que "Tnetennba" en ROT13. C'est plus rare que trouver trois minidraco en deux minutes ;)
La preuve en image que "gargraaon" est bien un googlewhakblatt
Comme tous les Googlewhackblatt, celui-ci aura disparu dès que google aura indexé cette page. J'attends que ça arrive et je vous donne toutes les explications.
Allez,
on destocke solide chez Metallurgeek ! Que des trucs énervés que
j'écoutais avant ma naissance. Quoi ? C'était après ? 'tain... pas vu le
temps passer moi...
Et puis surtout, surtout, The Misfits. Tiens, je vous mets l'original et aussi la reprise de Metallica. Parce que la version Metallica, hein, quand même !
La recherche
d’image est d’une efficacité décourageante : on met des mots clés, on cleek, et paf ! On tombe pile sur plein d’images hyper pertinentes. C’est d’un
chiant ! Y’aurai pas des trucs cachés un peu, des comportements
inattendus, du mystère quoi, voire de la poésie ? Histoire de sortir ne
serait-ce qu’une minute de l’efficacité ambiante…
Version courte
Que croyez-vous
qu’on trouve sur google ou bing quand on recherche des images correspondant aux
mots « résonner » et « vertèbres » ? Essayez donc en
cliquant iciet là. Surprenant
non ? Bien, je vois que j’ai d’ores et déjà capté l’attention de certains lecteurs ;)
Et avec les mots
« fusil » et « flamboyaient » qu’obtient-ton ? Cliquez
iciet là. Et encore avec les mots « respires » et « enflammée »parce qu'aujourd’hui(*) c’est la Saint Valentin.
Mézalors
keskispass ? Erreur d’indexation des moteurs de recherche ? Mmmm…
bizarre quand même que google, bing et les autres fassent la même erreur… En
fait il existe une explication, à la fois rationnelle et poéteek. Mais pour ça
vous allez devoir vous cogner la version longue et chiante de ce billet.
Version longue et
chiante
Reprenons les
exemples : résonner vertèbres ramène tout pleins d’images de zèbres,
fusils flamboyaient ramène des loups, respires enflammée ramène des roses. Et
Metallurgeek ramène sa fraise, mais ça on commence à s’habituer(**).
Le schéma est
donc toujours le même : deux mots sans rapport apparent qui ramènent des
images sur un sujet inattendu. Allez, je vous expleek comment j’ai fait. Sur un
exemple d’abord, puis en généralisant après.
D'abord je choisi un
poème évoquant très fortement un sujet précis. Par exemple « le
zèbre » de Robert Desnos. C’est mieux si le poème est souvent cité par des
internautes et surtout souvent illustré, en l’occurrence par des images de
zèbres.
À l’intérieur de
ce poème, je choisis deux mots ayant les propriétés
suivantes (accrochez-vous, c’est là qu’il faut faire gaffe) :
Les deux
mots n’ont aucun rapport évident avec le sujet du poème. Par exemple le mot « résonner »
comme ça à sec, ça ne m’évoque pas directement le zèbre.
« Raisonner » peut-être, mais « résonner » non.
Les
deux mots sont rarement utilisés simultanément. En l’occurrence on n’utilise
pas souvent « résonner » et « vertèbres » dans la même
phrase. Sauf peut-être une phrase sur le judo, du style
« il m’a placé un eri-seoi-nage de ouf, ça m’a fait résonner les
vertèbres ». Ou peut-être sur la museek « le violoncelle me fait résonner
les vertèbres jusqu’au fond de l’âme. » Mais bon, c’est pas fréquent. Tiens, du coup je vous mets un petit morceau de violoncelle.
Au final, nous
avons donc les mots « résonner » et « vertèbres » sans
rapport apparent, rarement associés sauf dans un texte précis souvent illustré par des images
de zèbre. CQFD.
Pour ceux qui,
comme moi, aiment bien visualiser les raisonnements de manière grapheek, voici
un croquis. Au début je voulais le faire avec des pastels gras piqués à ma fille mais
décidément je suis une quiche : y en a partout, sur le jean, sous les
ongles, même dans l’imprimante quand j’ai voulu scanner. Et puis ça bave dégueu. Une quiche je vous dis. Du coup je l’ai refait au stylo bille.
Généralisons
À priori, ça
se généralise. En prateek il est quand même assez difficile de créer des bons
exemples. D’abord il faut repérer des textes bien connus afin qu’ils soient cités sur un maximum de pages. Ensuite il faut que ces textes évoquent fortement un
sujet « illustrable » : genre animaux et objets. Pour ça les
poèmes fonctionnent bien, avec leur puissance d’évocation absolument
inégalable. Pour les roses j'ai utilisé le poème "les roses de Saadi" de Marceline Desbordes-Valmore. Pour les loup, vous allez pas le croire mais j'ai utilisé le poème la mort du loup, d'Alfred de Vigny. Truc de dingue : le mec il écrit ça en 1843 et ça sert encore aujourd'hui !
J’ai également essayé avec quelque
chose de plus abstrait comme le fragment de discours « I have a
dream. » Alors là ça coince parce que, certes c’est très cité, mais le texte
est souvent illustré par lui-même. Ou par une photo de Martin Luther King, ce
qui révèle tout de suite le truc. En anglais c’est
compliqué aussi. Déjà parce que je maîtrise moins les nuances. Et aussi, parce
que la poésie anglaise... euh… comment dire… j’ai pas été initié.
Epilogue : à quoi ça sert ?
Ben a rien du tout c'te blague. Comme la poésie. Vite vite, retournons à notre monde d'efficacité rationnelle et tarifée. Des fois qu'on se mette à penser hors des sentier battus... Tiens, je profite que la museek serve à rien non plus pour vous remettre un petit coup de violoncelle doux-amer à s'en déchausser les dents du fond.