Réenchanter la recherche d’image

La recherche d’image est d’une efficacité décourageante : on met des mots clés, on cleek, et paf ! On tombe pile sur plein d’images hyper pertinentes. C’est d’un chiant ! Y’aurai pas des trucs cachés un peu, des comportements inattendus, du mystère quoi, voire de la poésie ? Histoire de sortir ne serait-ce qu’une minute de l’efficacité ambiante…

Version courte


Que croyez-vous qu’on trouve sur google ou bing quand on recherche des images correspondant aux mots « résonner » et « vertèbres » ? Essayez donc en cliquant ici et Surprenant non ? Bien, je vois que j’ai d’ores et déjà capté l’attention de certains lecteurs ;)

Et avec les mots « fusil » et « flamboyaient »  qu’obtient-ton ? Cliquez ici et . Et encore avec les mots « respires » et « enflammée » parce qu'aujourd’hui(*) c’est la Saint Valentin.

Mézalors keskispass ? Erreur d’indexation des moteurs de recherche ? Mmmm… bizarre quand même que google, bing et les autres fassent la même erreur… En fait il existe une explication, à la fois rationnelle et poéteek. Mais pour ça vous allez devoir vous cogner la version longue et chiante de ce billet. 


Version longue et chiante


Reprenons les exemples : résonner vertèbres ramène tout pleins d’images de zèbres, fusils flamboyaient ramène des loups, respires enflammée ramène des roses. Et Metallurgeek ramène sa fraise, mais ça on commence à s’habituer(**).

Le schéma est donc toujours le même : deux mots sans rapport apparent qui ramènent des images sur un sujet inattendu. Allez, je vous expleek comment j’ai fait. Sur un exemple d’abord, puis en généralisant après.

D'abord je choisi un poème évoquant très fortement un sujet précis. Par exemple « le zèbre » de Robert Desnos. C’est mieux si le poème est souvent cité par des internautes et surtout souvent illustré, en l’occurrence par des images de zèbres.

À l’intérieur de ce poème, je choisis deux mots ayant les propriétés suivantes (accrochez-vous, c’est là qu’il faut faire gaffe) :

  1. Les deux mots n’ont aucun rapport évident avec le sujet du poème. Par exemple le mot « résonner » comme ça à sec, ça ne m’évoque pas directement le zèbre. « Raisonner » peut-être, mais « résonner » non.
  2. Les deux mots sont rarement utilisés simultanément. En l’occurrence on n’utilise pas souvent « résonner » et « vertèbres » dans la même phrase. Sauf peut-être une phrase sur le judo, du style « il m’a placé un eri-seoi-nage de ouf, ça m’a fait résonner les vertèbres ». Ou peut-être sur la museek « le violoncelle me fait résonner les vertèbres jusqu’au fond de l’âme. » Mais bon, c’est pas fréquent. Tiens, du coup je vous mets un petit morceau de violoncelle.

Au final, nous avons donc les mots « résonner » et « vertèbres » sans rapport apparent, rarement associés sauf dans un texte précis souvent illustré par des images de zèbre. CQFD.

Pour ceux qui, comme moi, aiment bien visualiser les raisonnements de manière grapheek, voici un croquis. Au début je voulais le faire avec des pastels gras piqués à ma fille mais décidément je suis une quiche : y en a partout, sur le jean, sous les ongles, même dans l’imprimante quand j’ai voulu scanner. Et puis ça bave dégueu. Une quiche je vous dis. Du coup je l’ai refait au stylo bille.



Généralisons


À priori, ça se généralise. En prateek il est quand même assez difficile de créer des bons exemples. D’abord il faut repérer des textes bien connus afin qu’ils soient cités sur un maximum de pages. Ensuite il faut que ces textes évoquent fortement un sujet « illustrable » : genre animaux et objets. Pour ça les poèmes fonctionnent bien, avec leur puissance d’évocation absolument inégalable. Pour les roses j'ai utilisé le poème "les roses de Saadi" de Marceline Desbordes-Valmore. Pour les loup, vous allez pas le croire mais j'ai utilisé le poème la mort du loup, d'Alfred de Vigny. Truc de dingue : le mec il écrit ça en 1843 et ça sert encore aujourd'hui !

J’ai également essayé avec quelque chose de plus abstrait comme le fragment de discours « I have a dream. » Alors là ça coince parce que, certes c’est très cité, mais le texte est souvent illustré par lui-même. Ou par une photo de Martin Luther King, ce qui révèle tout de suite le truc. En anglais c’est compliqué aussi. Déjà parce que je maîtrise moins les nuances. Et aussi, parce que la poésie anglaise... euh… comment dire… j’ai pas été initié.

Epilogue : à quoi ça sert ?


Ben a rien du tout c'te blague. Comme la poésie. Vite vite, retournons à notre monde d'efficacité rationnelle et tarifée. Des fois qu'on se mette à penser hors des sentier battus... Tiens, je profite que la museek serve à rien non plus pour vous remettre un petit coup de violoncelle doux-amer à s'en déchausser les dents du fond.




(*) Ouah, deux apostrophes dans le même mot !
(**) Ou pas.

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