Peut-être avez-vous déjà entendu le terme « early
adopter. » Peut-être même l’avez-vous utilisé. Moi on me l’a expliqué à
chaque formation sur l’innovation / le marketing / la NP-complétude
/ l’entreprenariat (rayez les trois mentions inutiles). Je profite d’avoir
entendu parler récemment d’early adopters pour creuser un peu le sujet avec
vous. À la fin de l’article je proposerai quelques exercices pour voir si tout
le monde à bien compris. Alors feuille double grand format grand carreaux,
marge rouge à quatre carreaux du bord, stylo encre bleue, pas d’effaceur et on
écoute bien le professeur MetallureGeeK.
Commençons d’emblée par préciser qu’un early
adopter *n’est pas* quelqu’un qui entre dans un orphelinat à six heures du
matin pour adopter un enfant très tôt. Non. Le terme early adopter vient en
fait du modèle de diffusion de
l’innovation de Everett Rogers. À l’oreille ça sonne bien mais faut pas se
laisser impressionner, ça date quand même du début des années 1960. À l’époque,
Jimmy Page déchiffrait péniblement ses premières tablatures et Jim Morisson se mettait minable avec seulement une demi-canette de Bud light. Je dis ça, c’est juste pour donner des
éléments de contexte.
Le modèle de Rogers(*) indeek que le cycle de vie d’un produit est structuré par une
succession d’acteurs. Les voici, en anglais : innovators, early
adpoters, early majority, late majority, laggards. ça dit aussi que les différents acteurs se réparissent sous une gaussienne, un peu comme le QI des gens. Je reproduis ici la jolie courbe de diffusion que nous donne
Wikipedia.
J’en profite au passage pour réaliser qu’une intégrale de Gauss ça ressemble vachement à une sigmoïde… J’avais jamais remarqué mais bon, je suis plutôt faible en
sigmoïde. Surtout en Sigmoïd Freud.
Bon, revenons aux différents acteurs du modèle de Rogers.
L’innovator c’est celui qui dit "ce truc viens de sortir, je l’essaye !" Il peut prendre des risques : produit nouveau mais tout pourri, fashion victim, produit génial mais qui ne passera jamais le cap de l'industrialisation etc.
L’innovator c’est celui qui dit "ce truc viens de sortir, je l’essaye !" Il peut prendre des risques : produit nouveau mais tout pourri, fashion victim, produit génial mais qui ne passera jamais le cap de l'industrialisation etc.
L’early adopter c’est celui qui dit "j’utilise ça depuis peu, c’est vraiment très prateek, regardez". Notez bien que
l’early adopter utilise vraiment le produit alors que l’innovator se contente d'essayer. L’early adpoter
peut également être prescripteur (opinion leader).
Early majority et late majority : ben c’est
les vrais gens, ils utilisent des trucs parce qu’ils en ont besoin et parce que
c’est réputé au point.
Laggards : littéralement ce sont les traînards,
avec un petit côté péjoratif. Pourtant on l’est tous dans certains cas, quand
on achète un truc démodé auquel on ne comprend rien mais bon, c’est pas trop
cher et tout le monde en a un…
Il parait que le modèle de Rogers s’appleek
très bien dans beaucoup de cas : diffusion de technologie, diffusion de
films, distribution de certains prénoms, modes et engouements divers (vampires, zombies) etc. À ce qu’il semble, les geeks sont
vus comme des early adopters et même des leaders d’opinion. J’aime bien cette
idée du geek en avance sur son temps. Dans le même esprit, je trouve particulièrement
juste la phrase titre "hackers are early adopters". C’est un pote ceinture noire
en innovation qui me l’a soufflée un jour ;) Finalement, le bon hacker(**) il s’intéresse
très tôt au produit non pas pour voir comment ça marche, mais pour voir comment
ça marche pas.
Alors maintenant que vous en savez autant qu'un spécialiste en innovation, voici venu le temps des exercices. Exercices à la con, et sans aucun corrigé, ça va sans dire.
Alors maintenant que vous en savez autant qu'un spécialiste en innovation, voici venu le temps des exercices. Exercices à la con, et sans aucun corrigé, ça va sans dire.
Exercice à la con numéro 1 : soit un geek lamda, limite
beta. Il se met au retrogaming. Dans quelle catégorie d’adopters
est-ce-que-le-placeriez-vous-t-il ? Vous avez 5 minutes. Deux points de
plus pour les deux poilus des cheveux font du headbang au dernier rang près du
radiateur.
Exercice à la con numéro 2 : fidèle lecteur de MetallurGeeK depuis maintenant quatre ans, soit deux ans avant sa création (bravo !)
dans quelle catégorie d’adopteur vous placeriez vous aujourd’hui ? Astuce :
seules les réponses qui suggèrent que MetallurGeeK va devenir de plus en plus
populaire seront acceptées.
Exercice à la con numéro 3 : sachant que le langage
Python existe depuis 1989 et sachant que je m’y suis mis l’année dernière
seulement, inventer un terme pire que "laggards" pour bien montrer
que j’aurais dû m’y mettre plus tôt.
Image piquée sur BoingBoing.net |
Exercice à la con numéro 5 : si l'on en croit Google Trend, "Myspace" suit assez fidèlement le modèle de Rogers (courbe rouge). Observez bien la courbe bleue correspondant à Twitter. Sachant que Twitter entre en bourse, ça vous inspire quoi ? Exercice 5 bis : essayez sur Google Trends avec d'autres mots-clé, genre facebook. Est-ce que la courbe à la même allure ?
Image piquée sur Google Trends (*) On me signale une petite erreur d’illustration : on m'aurait refilé une image de Buck Rogers à la place d'une image d’Everett Rogers. J’enquête…
(**) Le mauvais hacker il voit une vulnérabilité il l’exploite. On les reconnait à la ronde ! Alors que le bon hacker, il voit une vulnérabilité, bon, il l’exploite, mais c’est un bon hacker, ça a rien à voir.
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Comment ose tu dire que Karl Laggards feld est démodé et pas cher ?.... Bon c'est vrai on n'y comprend pas toujours grand chose!
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