Autant vous l’avouer
tout de suite, je n’ai jamais cru aux cottes de mailles. Tout petit déjà je
jouais aux chevaliers et je me demandais comment une simple cotte de mailles pouvait
arrêter le moindre coup de glaive. En grandissant, j’ai considéré d’un œil hautain
la mode de la cotte de maille dans les concerts de métal. Certes je trouvais ça esthétique - limite sexy - mais je doutais de la résistance aux
chocs. J’imaginais la cotte de mailles se débiner comme un tricot au
premier pain sérieux pendant un slam. Bref, je croyais que c’était de la camelote kitsch et onéreuse.
Samedi dernier j’ai changé d’avis.
J’étais
tranquillement au Hellfest en train de taper sur tout ce qui bougeait dans un
rayon de deux mètres autour de moi. Normal, c’était le concert de P.O.D. et ça
secouait un peu (énorme, sans déconner, énorme !). Là-dessus Sonny Sandoval lance un circle pit de folie. Je n'avais jamais osé participer
mais là c’était trop bon : j’ai foncé ! Mais alors ce qui s’appelle
foncer. Un peu comme une voiture bélier dans une bijouterie. Je dis ça, j’ai
rien contre les bijouteries, c’est pour donner une image. D'ailleurs, je vous
met le film courageusement réalisé par Rem, histoire que vous sentiez bien l’ambiance.
Le truc à comprendre rapidement dans un circle pit, c’est qu’une fois qu'on y est on ne peut plus s’arrêter
de tourner. Par exemple si les mecs de devant traînent un peu il faut absolument
les emplafonner, en tout bien tout honneur, sous peine de se faire emplafonner
par les mecs de derrière. En tout bien tout honneur aussi. Transitivement, tout
le monde s’emplafonne joyeusement en essayant d’éviter de s’emplafonner. Que du bonheur.
Que du bonheur, sauf si le mec juste devant porte une cotte de mailles et s’arrête tout net... Et
c’est très précisément là que je veux en venir depuis le début : en fait,
c’est vachement solide une cotte de maille ! Mais alors vachement
vachement ! J’ai très légèrement douillé sous le choc. À ma décharge j’avais
déjà une cote fêlée depuis le samedi d’avant, mais quand même. Je me suis embouti contre ladite cotte de maille avec la même tendresse qu’un pavé contre la tête d’un CRS. Je dis ça, j’ai
rien contre les CRS, c’est pour donner une image.
En un instant j’ai
craché les quatre litres d’air de mes poumons et les deux litres de bière de mon
estomac. Il est possible que - dans la confusion - j’ai également lâché un bon
litre de gaz, mais omettons ce détail. C’est juste pour expliquer qu’après ça j’étais
plat comme Jane Birkin. Je dis ça, j’ai rien contre Jane Birkin, c’est pour
donner une image(*). J’ai hésité entre m’évanouir immédiatement et perdre
connaissance illico. Dans le doute j’ai fait les deux en même temps. Heureusement j’ai
très vite été réveillé par les autres furieux de derrière qui se sont
emplafonnés sur moi. Je les avais oublié ceux-là. Ça a eu pour effet de relancer
la rotation et nous sommes tous reparti pour plusieurs tours comme si de rien n’était.
Après presque une minute de centrifugeuse (c'est long !), je suis sorti hilare en hurlant quelque chose comme « Beeuuaaarrgg Fuuckiiiiiiiinngg Metaaaallll Of Deaaaaaaattthh!!!!! » approximativement. Certes, tout ça ne m’a pas rendu plus intelligent mais au
passage j’ai quand même appris deux trois trucs utiles que je vous résume ici :
- Tout bien considéré, une cotte de maille c’est solide. À titre indicatif c’est environ trois fois plus solide qu’une côte flottante gauche déjà fêlée.
- Il n’y a pas que maille qui m’aille.
- Dans les circle pits, rien ne sert de partir à point, il vaut mieux courir(**) et ne pas s’arrêter.
La prochaine fois je tenterai un circle pit à reculons et à cloche pied avec les yeux bandés et un bras dans le plâtre. Mais n'anticipons pas, pour l'instant je reste un débutant.
(*) Au fait, merci
à Clem pour la relecture de cet article et ses conseils de rédaction.
(**) Merci Coluche ;)